Alexis Robert, La simplicité volontaire d'un lanceur de possibleAux portes de la forêt de Brocéliande, Alexis Robert habite une kerterre qui se fond visuellement dans la nature. Le Breton était en quête d’un habitat aligné avec sa philosophie de vie?: « Nous ne sommes que de passage sur cette terre. Une espèce parmi tant d’autres. Et pas la mieux adaptée. »
Sa cabane ronde, il l’a rêvée pendant 50 ans. Celui qui a eu plusieurs vies dans une vie a toujours été à contre-courant.
Élevé chichement par une « grand-mère paralysée », le garçon a grandi en apprenant à se contenter de peu.
Des fermes à l’usine, de l’enseignement à la première coopérative bretonne bio, la « sobriété heureuse » a toujours guidé ses pas tambour battant.
Un état d’esprit devenu indissociable d’un mode de vie minimaliste. À la retraite, il a fait le choix de vivre en autarcie. Son cocon est né d’un chantier participatif il y a plus de 20 ans. « Ça mesure 10 m2, je n’ai pas besoin de plus », annonce-t-il, en poussant la porte vitrée de sa maisonnette.
Elle a été modelée à la main, avec un mélange à base de chaux, de sable, de paille, de terre et de chanvre. Le dôme a, lui, été réalisé avec des branches de châtaignier, tressées à la façon d’un panier en osier. « Les tiges qui dépassent me servent de porte-manteaux », sourit celui qui optimise le moindre m2.
Un lit, son bureau, le poêle à bois pour affronter les températures hivernales et des clowns en guise de déco… Voilà ses essentiels.
Celui qui vit « au rythme des saisons » démarre ses journées avec «une salade de pissenlit, d’ortie et de plantain en écoutant France Inter. Car le végétarien vit sobrement jusque dans l’assiette.
Sans frigo « mais avec un four solaire », il se ravitaille en épicerie bio une fois par mois pour varier ses plats à base de légumes du potager. Ni plus ni moins.
Par ricochet, l’eau qu’il consomme, il la puise dans une source à trois kilomètres de sa kerterre, et sa douche, est alimentée par l’énergie solaire.
Celui qui limitait l’utilisation de sa voiture à 5?000 kilomètres par an a fait le choix de s’en séparer. « C’est ça, l’esprit de la transition ? », sourit celui qui est auteur de plusieurs essais présentant son mode vie.
La quête est « encore longue », dixit l’intéressé, mais celui qui perçoit 1050 € de retraite vit « heureux avec 150 € par mois » Le reste de son pécule ne dort pas en banque, l’octogénaire parraine « une trentaine d’enfants vulnérables » à travers le monde. Là où son argent «?est vraiment important. »
Si Alexis Robert vit en apparence reclus, à des années-lumière du train de vie de milliers de Français, il partage aussi son havre de paix avec plusieurs habitants. « Ici, c’est la kerterre d’Évelyne, elle y vit depuis 2015, Moussa est, lui, là depuis trois ans…?», guide-t-il entre les bruyères.
Sur les 2,5 hectares du site de La Guette, un écolieu est né.
Berceau de nombreux rassemblements autour de l’écologie pour voir « éclore de nouveaux mondes », il est aussi devenu un refuge où «près de 2000 visiteurs » s’accordent une pause chaque année.
J’aide les SDF comme les PDG à trouver un sens à leur vie à travers la culture de la terre. Ils se ressourcent dans un environnement préservé, en logeant dans une de nos paillourtes.
Lui n’attend rien ou presque – 10 € de cotisation à l’association – en retour.
Et accueille leur détresse comme nul autre pareil. Alexis Robert est un homme bon. Au sens noble du terme.
Un utopiste qui prouve par l’exemple, qu’il n’existe pas une seule façon de laisser entrer la lumière, pas une seule façon, d’habiter la terre…